
Un docteur et une bande de spéléologues souhaitent battre un record en laissant un homme vivre durant soixante-dix jours à l'intérieur d'une grotte à 600 mètres de profondeur. Un jour, l'homme-cobaye est assailli de visions morbides et l'écran de surveillance se brouille étrangement; accompagnés de deux jeunes étudiants en archéologie curieux, le docteur et les spéléologues descendent à l'intérieur de la grotte afin de résoudre le mystère.
Honnête artisan du cinéma de genre italien, Umberto Lenzi s'est souvent contenté d'utiliser les recettes du marché sans se poser trop de questions. Il est néanmoins parvenu à se démarquer une fois ou l'autre de la concurrence, notamment en signant quelques très bons poliziotteschi ainsi qu'un sommet de la Cannibal Exploitation, le fameux Cannibal Ferox, icône de cinéma bis extrême. Durant la fin des années quatre-vingt, la compagnie Alpha Cinematografica signe des contrats avec certains vétérans du genre (Lucio Fulci, Andrea Bianchi) pour la réalisation de productions aux moyens financiers très restreints, tournées en format 16mm dans des conditions techniques et géographiques souvent semblables. Si une poignée d'entre elles font preuve d'un étonnant intérêt (Soupçons de Mort, The Murder Secret, Hansel e Gretel), d'autres rivalisent de paresse et de médiocrité.
Hell's Gate figure hélas dans la seconde catégorie. Un sommet d'ennui, un métrage misérable et d'une profonde léthargie dans lequel le récit est moins dynamique et captivant qu'un épisode de Les Cordier Juge et Flic. Tout se déroule à l'intérieur d'une grotte utilisée pour les besoins du film (l'intégralité du budget a sans doute dû partir dans ce semblant de décor), mais le plus frustrant dans tout cela, c'est que le script avait quelque potentiel de départ; Lenzi le gâche au complet de par sa flemme aiguë, mettant simplement en scène une sorte de téléfilm de série Z affreusement languissant et monotone, mal joué et ridicule de bout en bout.
On peut ne pas rester insensible face à l'esthétique particulière qui découle des productions Alpha Cinematografica - image granuleuse proche du super 8 -, leur conférant un visuel de film d'horreur brut et crasseux, ni même à ces bandes sonores constituées de nappes synthétiques kitsch et bizarroïdes, mais il faut que l'histoire suive un minimum. Or ici, c'est le néant. Un scénario imbécile parlant de sept prêtres-fantômes vengeurs, deux archéologues et quatre spéléologues de pacotille pris au piège de cette malédiction, et c'est tout. Et le plus pathétique c'est que l'ensemble se prend tant au sérieux qu'il ne s'avère finalement pas assez grotesque pour faire de Hell's Gate un nanar. Juste un infect navet, dont les deux uniques petits effets Gore décevront même les amateurs par leur côté bien trop rudimentaire.
Une seule scène, pourtant, fait flipper: lorsque les survivants se croient sauvés, les sept prêtres-fantômes, d'abord déguisés en sauveteurs professionnels, montrent subitement leur véritable apparence; un rebondissement très bien orchestré (alternance de champs / contre-champs sur les spéléologues et les faux-sauveteurs, les premiers d'abord rassurés puis tout à coup horrifiés à la vision des sandales que portent les seconds). L'effet de surprise marche parfaitement, mais une séquence valable, une seule, c'est trop peu.
Rien ne sert de tergiverser, ce Hell's Gate a - contrairement à d'autres uvres du même genre - des raison de n'être connu de personne: il représente la quintessence même de l'ennui et figure dans la boîte strong des remèdes cinématographiques conseillés aux insomniaques. Probablement le pire film d'Umberto Lenzi.
1/10