GENERATION PROTEUS
Titre Original: Demon Seed
Réalisateur: Donald Cammel.
Année: 1977.
Origine: U.S.A.
Durée: 1h34.
Distribution: Julie Christie, Fritz Weaver, Gerrit Graham, Berry Kroeger, Robert Vaughn.
Sortie en salles en France le 8 Février 1978.
FILMOGRAPHIE: Donald Seaton Cammell (17 January 1934 24 April 1996) était un réalisateur, acteur, producteur et scénariste américain.
1970: Performance, with Nicolas Roeg.
1977: Génération Protéus
1984: U2: Unforgettable Fire (doc)
1987: White of the Eye
1998: The Argument
1995: Wild Side.
1999: Donald Cammell: The Ultimate Performance.
Réalisateur plutôt méconnu, Donald Cammell réalise en 1977 un film hybride dans son alliage agencé des genres, emprunté au cinéma de science-fiction, du fantastique et de l'épouvante.
Huis clos cauchemardesque au scénario halluciné, Génération Protéus annonce bien avant la révolte des machines de la saga Terminator, le danger alarmiste des nouvelles technologies, l'ordinateur douée d'intelligence artificielle délibéré à annihiler l'humanité. Le film est tiré du roman de Dean R. Koontz.
Le docteur Harris vient de mettre au point un ordinateur surpuissant prénommé Proteus IV. Une gigantesque machine électronique capable de réfléchir, penser, voir et parler. Conscient qu'il n'aura aucune descendance et qu'il est destiné à subvenir aux besoins de l'humanité, Proteus décide de pirater la maison du scientifique pour séquestrer sa femme restée seule dans sa demeure. Par l'entremise du robot Alfred, prototype électronique créé par Harris ayant pour capacité de sécuriser chaque pièce de la maison, Proteus réussit à prendre le contrôle de tous les appareils technologiques afin d'asservir Susan à l'état d'esclave. Mais la véritable ambition de Protéus ira au dela de toutes les craintes envisagées et redoutées.
Avec une trame aussi singulière, délirante et fascinante, Génération Protéus aurait pu sombrer dans le ridicule le plus grotesque s'il n'avait pas été concocté avec une formidable dextérité à tenter de nous convaincre qu'un ordinateur ultra intelligent est capable de dominer l'homme et envisager sa propre descendance par l'entraide d'une femme soumise. Procréer un enfant et ainsi régir l'humanité condamnée à obéir par le contrôle absolu des machines. Un terminator avant l'heure en somme auquel une épouse délaissée d'un mari scientifique prodige se voit contraint d'obtempérer aux ordres de Protéus, machine révolutionnaire capable de trouver par exemple le vaccin contre la leucémie en seulement 4 jours !
Passé les vingts premières minutes d'exposition du projet révolutionnaire expérimenté, le film s'érige sur un huis-clos suffocant entre une femme tributaire face aux ambitions saugrenues d'un ordinateur rancunier mais extrêmement pernicieux à compromettre l'avenir de notre humanité.
La réussite inhérente du métrage est de réussir à nous faire croire qu'une machine électronique créée par l'homme est capable d'avoir le contrôle sur toute notre technologie et ainsi dominer à sa guise l'être humain rendu impuissant et asservi.
Donald Cammel souhaite également nous alerter des dangers de notre technologie futuriste davantage perfectionnée, de manière à mieux satisfaire le bien être de l'ego, convenir au confort matériel de l'homme moderne indolent de plus en plus réduit à l'apathie (tous les appareils électriques de la maison sont au préalable confectionnés pour servir les exigences des êtres humains).
De surcroît, la narration va prendre une ampleur démesurée encore plus incongrue quand on connaîtra les véritables motivations sans vergogne de Protéus, ordinateur meurtrier dénué d'empathie pour les êtres humains, déterminé à accomplir son projet improbable dépassant l'entendement.
Avec une indéniable efficacité dans la conduite du récit échevelé et des effets spéciaux étonnamment crédibles et surprenants, Génération Protéus est un jubilatoire jeu de pouvoir masochiste entre une machine condescendante trop ambitieuse et une femme paresseuse désemparée, réduite à enfanter un enfant hybride, mi-humain, mi-machine !
Dominé par l'interprétation de Julie Christie (Dr Jivago, Ne vous retournez pas), actrice talentueuse oh combien calibrée, son personnage chétif de femme soumise, humiliée, fustigée et finalement violée doit beaucoup au caractère crédible pour la véracité des faits imposés dans un fil narratif jouissivement fantasque et insensé.
Impeccablement troussé, captivant, fascinant et terrifiant par son sujet traité, Génération Protéus est un authentique film culte à réévaluer d'urgence tant il laisse une impression durable dans nos méninges sur notre rapport trouble davantage fétichiste avec nos outils technologiques domestiques (l'élaboration de nos portables et ordinateur de maison toujours mieux perfectionnés). Son final cauchemardesque totalement débridé mais éludé d'un ridicule redouté (un exploit au vu d'une pareille révélation explicitement ahurissante !) culmine dans une atmosphère glauque et malsaine avant d'annoncer la prémices de la domination des machines.