FRIGHTMARE
Titre Original: Once upon a frightmare.
Réalisateur: Pete Walker.
Année: 1974.
Origine: Angleterre.
Durée: 1h22.
Distribution: Rupert Davies, Sheila Keith, Deborah Fairf, Kim Butcher et Paul Greenwood.
FILMOGRAPHIE: Pete Walker est un réalisateur, scénariste et producteur britannique, né en 1939 à Brighton.
1968: l'Ecole du sexe, For men only, 1970: Cool, c'est Carol, 1971: Man of violence, Die Screaming, Marianne, 1972: Quatre dimensions de Greta, le Théâtre de l'angoisse, 1973: Tiffany Jones, 1974: Flagellations, Frightmare, 1976: The Confessionnal, Schizo, 1978: Hallucinations, 1979: Home Before Midnight, 1983: House of the long shadows.
Réalisé la même année que l'attractif Flagellations qui dénonçait les excès des conservateurs extrémistes adeptes de la peine capitale et d'une justice individuelle, le petit maître anglais (ou le modeste artisan, c'est selon !) Pete Walker illustre ici une histoire aberrante de famille cynique, adepte du cannibalisme par le biais d'une sexagénaire matriarche particulièrement friande de cerveau humain !
Londres, en 1957. Un homme se rend chez une cartomancienne pour ne jamais en ressortir puisque celle-ci va sauvagement l'assassiner. La meurtrière et son époux complice sont jugés coupable de folie mentale et enfermés dans un asile psychiatrique durant 15 années.
En 1974, Jackie s'occupe de sa jeune soeur Debbie, une fille marginale insolente et prétentieuse. Un soir, la grande soeur rend visite à un couple dans une auberge bucolique pour leur livrer un colis.
Série B sans ambition particulière, si ce n'est que de dénoncer un système judiciaire faillible, Frightmare puise son intérêt ludique dans son scénario complètement débridé dédié à un couple de personnages pervertis, autrefois compromis dans une sordide affaire de cannibalisme. C'est essentiellement la femme délurée, adepte de la chair fraîche et en particulier des cerveaux humains, pour cause de traumatisme infantile, qui va pousser le mari à accepter ces terribles exactions commises sur d'innocentes victimes.
Quinze ans plus tard, ils retrouvent enfin leur liberté, la justice étant convaincue de leur guérison mais la mégère frappée du ciboulot ne peut s'abstenir de son addiction au sang encéphale et à sa folie meurtrière. Une nouvelle série de meurtres va donc être rapidement perpétrée.
De prime abord, Pete Walker dépeint la vie futile de deux jeunes filles dont on apprendra furtivement qu'il s'agit en faite des progénitures des parents monstrueux. Jackie a beaucoup de mal à s'occuper de sa jeune soeur de 18 ans, Debbie, une fille insolente plutôt agressive et arrogante dans ses nombreuses provocations verbales et physiques octroyées envers son entourage. Elle enchaîne facilement les conquêtes amoureuses jusqu'au jour ou son dernier amant s'interpose dans une altercation avec un barman provoqué par celle-ci.
Quelques jours plus tard, l'homme agressé est retrouvé sauvagement assassiné. Debbie, découvrant le corps sans vie décide de le cacher à l'arrière du capot du véhicule du concubin, convaincue que son ami est le véritable responsable de ce meurtre sauvagement perpétré.
Pete Walker nous attache donc à décrire dans un script sobrement structuré le portrait à double face établi envers deux séduisantes soeurs juvéniles vivant communément depuis plus de 15 ans en toute indépendance. De façon insinueuse, nous allons nous apercevoir que Debbie est davantage influencée par des pulsions malsaines et morbides depuis qu'elle a décidé de cacher un cadavre dans le coffre d'un véhicule.
Leur existence quotidienne est mise en parallèle avec les agissements macabres de leurs parents à peine libérés d'une lourde peine de détention dans un centre psychiatrique.
Au préalable, le réalisateur nous montre une épouse calme et docile, dénuée de tout soupçon, en compagnie de la fidélité d'un mari attentif et aimant, même si perplexe et quelque peu dubitatif de l'état moral de sa dulcinée.
Mais l'aînée des deux soeurs ne va pas tarder à s'apercevoir que la nouvelle vie faussement harmonieuse des parents est vite rattrapée par les penchants meurtriers de sa mère tributaire du cannibalisme. Tandis que le père affolé par une macabre découverte fortuite décide d'en avertir sa fille.
Tous ces personnages bien dessinés et interprétés avec conviction laissent une impression de fascination latente dans leur caractérisation à peine grotesque, voire pittoresque pour l'humour noir sous-jacente émanant des accomplissements criminels d'une tueuse azimutée caricaturée.
Pete Walker soigne également ses décors et son atmosphère proche du conte fantastique en nous remémorant dans nos souvenirs d'enfance les fameux récits horrifiques d'antan que l'on nous contait avant de nous endormir. Particulièrement envers la description antique de la demeure familiale dépeinte comme une paisible auberge reculée aux abords d'un environnement forestier. Mais aussi envers le personnage d'une sexagénaire en demi-teinte, véritable furie aliénée quand elle décide de s'adonner vulgairement à ses pulsions sadiques octroyées au meurtre crapuleux.
C'est Sheila Keith, actrice fétiche du metteur en scène, qui incarne le rôle débridé d'une mamie d'apparence tranquille et raisonnée mais odieusement cinglée. Il faut la voir perpétrer ses crimes à coup de perceuse ou de fourche acérée dans des mimiques cartoonesques, épaulés d'un rictus démoniaque et d'une trogne mesquine.
Efficacement réalisé, Frightmare est une bonne série B d'horreur, plutôt agréable à suivre et dotée de certains meurtres complaisants du plus bel effet sanguinolent. C'est surtout la galerie effrontée de personnages hybrides qui rend le film si distrayant et plaisant, scandé par la prestance de deux charmantes comédiennes anglaises. Son final sardonique et cynique n'est pas non plus à négliger dans son immoralité tolérée.