Réalisateur: Mel Brooks
Année: 1974
Origine: U.S.A
Durée: 1h46
Distribution: Gene Wilder, Marty Feldman, Peter Boyle, Madeline Kahn, Cloris Leachman, Teri Garr, Kenneth Mars, Gene Hackman, Richard Haydn.
Sortie salles U.S: 15 Décembre 1974
FILMOGRAPHIE: Mel Brooks (Melvin Kaminsky) est réalisateur, acteur, scénariste, compositeur et producteur américain, né le 28 Juin 1926 à New-York.
1968: Les Producteurs. 1970: Le Mystère des 12 Chaises. 1974: Frankenstein Junior. 1974: Le Shérif est en prison. 1976: La Dernière folie de Mel Brooks. 1977: Le Grand Frisson. 1981: La Folle Histoire du monde. 1987: La Folle Histoire de l'Espace. 1991: Chienne de vie. 1993: Sacré Robin des Bois. 1995: Dracula, mort et heureux de l'être.
Classique de la parodie réalisé par un spécialiste en la matière, Frankenstein Junior reste l'éternel chef-d'oeuvre de Mel Brooks ayant su combiner humour débridée et tendresse élégiaque pour son hommage sincère voué au roman de Shelley. D'une drôlerie extravagante irrésistible, l'académisme de l'oeuvre, admirablement photographiée en noir et blanc, est notamment une réussite esthétique bluffante. Terriblement consciencieux, Mel Brooks a véritablement effectué un travail d'orfèvre pour restituer à merveille l'ambiance chère de la Universal héritée de la trilogie gothique des Frankenstein. D'ailleurs, dans un souci perfectionniste, notre réalisateur utilisa le même château et le même laboratoire qui servirent préalablement de décors aux classiques précités.
Si en l'occurrence Frankenstein Junior n'a rien perdu de son pouvoir attractif dans sa succession de sketchs parodiques, il le doit autant à ces protagonistes excentriques jamais irrévérencieux pour tourner en dérision les vicissitudes du monstre bourru. Que ce soit le Dr Frankenstein (prononcez Frankensteen !) et sa créature pourvue d'un cerveau "anormal", sa fiancée prude Elisabeth, l'assistant Igor à la bosse interchangeable, la servante Frau Blücher (dont les chevaux hennissent à la moindre exclamation de son patronyme !) et enfin Inga, l'assistante docile secrètement amoureuse du docteur. Oserai-je oublier l'intervention de l'inspecteur Han Wilhelm Friederich Kem pourvu d'un bras droit articulé (façon androïde) et s'exclamant avec un accent autrichien quasi inaudible !
Pour incarner ses rôles sur mesure, Gene Wilder, Peter Boyle, Marty Feldman, Madeline Kahn, Cloris Leachman, Teri Garr et Kenneth Mars débordent d'énergie et de bonhomie communicative pour nous amuser sans restriction. Sans oublier la présence inopinée de Gene Hackman en aveugle empoté dans une confrontation anthologique avec la créature !
Si Frankenstein Junior regorge d'inventivité pour provoquer l'hilarité, Mel Brooks n'oublie pas pour autant d'insuffler une véritable tendresse afin de rendre hommage au monstre de son enfance. La séquence du music-hall au sein de l'auditoire (clin d'oeil évident à King-Kong pour l'exploitation de la créature) en est un exemple révélateur. Le Docteur et son modèle infantile swinguant avec éloquence un concours de claquettes devant un public médusé ! Il y a notamment cette manière musicale doucereuse (au son des cordes d'un violoncelle) dont Frankenstein doit à chaque fois appliquer pour réfréner la colère du monstre.
Chef-d'oeuvre de la parodie (parmi ses acolytes Le Bal des Vampires et Dr Jerry et Mr Love) et véritable hommage poétique à une trilogie légendaire, Frankenstein Junior allie avec juste équilibre fantaisie et tendresse par la complicité de comédiens expansifs. En réalisateur pointilleux épris de nostalgie, Mel Brooks n'aura jamais fait preuve d'autant d'influence pour déclarer sa flamme à la créature candide de la Universal.