LA FELINE
Titre d'origine: Cat People
Réalisateur: Paul Schrader
Année: 1982
Origine: U.S.A
Durée: 1h58
Distribution: Nastassja Kinski, Malcolm McDowell, John Heard, Annette O'Toole, Ruby Dee, Ed Begley Jr, Scott Paulin, Frankie Faison, Ron Diamond, Lynn Lowry.
Sortie salle France: 8 Septembre 1982. U.S: 2 Avril 1982
FILMOGRAPHIE: Paul Schrader est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 22 Juillet 1946 à Grand Rapids (Michigan).
Blue Collar: 1978. 1979: Hardcore. 1980: American Gigolo. 1982: La Féline. 1985: Mishima. 1987: Light of Day. 1988: Patty Hearts. 1990: Etrange Séduction. 1992: Light Sleeper. 1994: Witch Hunt (télé-film). 1997: Touch. 1997: Affliction. 1999: Les Amants Eternels. 2002: Auto Focus. 2005: Dominion. 2007: The Walker. 2008: Adam Resurrected.
Etrange film que cette Féline, remake (ou plutôt variation !) du chef-d'oeuvre suggestif de Jacques Tourneur. En abordant les thèmes de l'inceste et du refoulement sexuel, Paul Schrader réalise un film fantastique à la charge érotique prégnante par le profil galvanisé de Nastassja Kinski.
Irena retrouve son frère Paul après de longues années d'absence. Après les retrouvailles chaleureuses, celui-ci tente rapidement de la convaincre qu'une malédiction les unis. Parce que leurs ancêtres accordaient le sacrifice d'enfants à des panthères, les âmes infantiles grandissaient dans le coeur et le corps de ces félins pour peu à peu devenir des humains. Afin d'éviter la prochaine métamorphose, le frère et la soeur devaient avoir une relation incestueuse. Irena, déconcertée par ces révélations improbables repousse les avances de son frère. Le lendemain, une jeune prostituée est sauvagement blessée dans une chambre d'hôtel par un animal.
A la vue de cette version modernisée et sulfureuse, il vaut mieux éviter de faire le rapprochement avec son chef-d'oeuvre d'origine qui était un modèle de suggestion. Ici, les quelques scènes chocs qui jalonnent le récit sont explicites (la métamorphose, l'arrachage du bras ou l'éviscération de la panthère concoctés par de superbes FX de Tom Burman !) et l'érotisme qui en émane est décuplée par l'apparence charnelle d'une Nastassja Kinski souvent dévêtue !
C'est d'ailleurs l'interprétation lascive de cette actrice modèle qui permet de transcender l'oeuvre de Schrader par son aura aussi envoûtante que candide. En quête identitaire et de désir sexuel refoulé, Irena est profondément troublée par les déclarations incestueuses de son frère compromis à une étrange malédiction. Mais la romance toujours plus ardente et passionnelle avec un vétérinaire de zoo l'accule à passer à l'acte sexuel pour perdre sa virginité. Mais à quel prix ? Car cette troublante relation amoureuse auquel un amant est finalement contraint de garder en cage sa dulcinée confine son héroïne vers une rédemption répressive.
Avec ses séquences fantasmagoriques planantes accentuées par le magnifique score entêtant de Giorgio Moroder, La Féline est une oeuvre particulièrement étrange où le désir sexuel est omniprésent dans le triangle amoureux établi. La présence patibulaire du génial Malcolm McDowell renforce également sa dimension insolite dans une première partie impartie à ses exactions meurtrières mais aussi à son machisme condescendant (ses nuits de débauche avec de jeunes prostituées). La suite narrative est davantage allouée au récit initiatique d'Irena, compromise à son instinct primitif et son amour torride pour un homme attisé.
L'amour a fait d'elle une bête érotique
Troublante métaphore sur l'éveil sexuel, réflexion sur la perte de virginité, sur la peur du désir et de l'engagement mais aussi sur la passion amoureuse, La Féline établit le portrait névrosé d'une jeune vierge assujettie à une malédiction ancestrale. Objet de désir et de fantasme sexuel, la posture dénudée de Natassja Kinski irradie l'écran de sa beauté lascive et virginale. C'est cette charge érotique provocante, son ambiance de mystère sous-jacente et l'efficience d'un script diaphane qui élèvent La Féline au rang de classique du fantastique contemporain.