Django de Sergio Corbucci, 1966

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Django de Sergio Corbucci, 1966

Messagepar BRUNO MATEI » 30 Juillet 2014, 06:45

Réalisateur: Sergio Corbucci
Année: 1966
Origine: Italie/Espagne
Durée: 1h31
Distribution: Franco Nero, José Bodalo, Loredana Nusciak, Angel Alvarez, Eduardo Fajardo, Jimmy Douglas.

Sortie salles Italie: 6 Avril 1966. Espagne: 21 Septembre 1967

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Sergio Corbucci est un réalisateur et scénariste italien, né le 6 Décembre 1927 à Rome, décédé le 1er Décembre 1990.
1962: Romulus et Remus. 1963: Danse Macabre (co-réalisé avec Antonio Margheriti). 1966: L'Homme qui rit. 1966: Django. 1966: Ringo au pistolet d'or. 1966: Navaja Joe. 1968: Le Grand Silence. 1969: Le Spécialiste. 1970: Companeros. 1972: Mais qu'est ce que je viens foutre au milieu de cette révolution ? 1978: Pair et Impair. 1980: Un Drôle de flic. 1981: Salut l'ami, adieu le trésor. 1989: Night Club.

Sorti en pleine mouvance du western spaghetti initié par Sergio Leone avec Pour une Poignée de dollars, Django va également remporter un succès commercial foudroyant et révéler aux yeux du public un acteur aussi charismatique que Clint Eastwood, Franco Nero (alors que le rôle était imparti à Mark Damon). Fort de ce succès, un nombre incalculable d'ersatz va emprunter le titre afin d'en tirer autant profit. Rivalisant de cruauté dans sa violence inédite, Sergio Corbucci annonce clairement la couleur rouge sang dans ce western iconoclaste à contre-courant des productions ricaines instaurées par le lyrisme de John Ford. Outre l'âpreté de sa sauvagerie non exempte d'effusions gores (tranchage d'oreille en gros plan que la victime se contraint d'avaler !), c'est l'ambiance crasseuse qui frappe au premier abord dans la topographie d'un village boueux. La peinture assénée à cette contrée à faible population s'avère plutôt dépressive dans l'atmosphère d'une météo blafarde.

Au milieu de cette place mortifère, un croque-mort solitaire venu de nulle part trimbale avec lui un mystérieux cercueil. Après avoir sauvé une jeune prostituée du major Jackson, ils décident de trouver refuge dans un saloon décrépit géré par un proxénète. Mais son repos ne sera que de courte durée puisque les sbires de Jackson sont en route pour lui trouer la peau. Redoutablement efficace car pourvu d'un rythme sans faille dans ces confrontations belliqueuses entre clans, bagarre de saloon et retournements de situation, le scénario de Django est régi autour des subterfuges d'un veuf inconsolable jouant l'individualité afin de mieux parfaire sa vengeance. Mais à se laisser gagner par la colère, la cupidité et trahir ses amis, Django va devoir en payer les conséquences avant sa prise de conscience avec l'intégrité d'une femme l'incitant à la repentance. A travers le cheminement vindicatif de ce héros sans foi ni loi, Sergio Corbucci joue la carte de la transgression pour caractériser un marginal intraitable et machiste, voir à la limite de la misogynie (les humiliations sarcastiques qu'ils réservent gratuitement à Maria), ne comptant que sur ses stratagèmes pour vaincre l'ennemi. Car autour de lui s'affrontent l'armée de belligérants mexicains contre une secte de yankees racistes et sadiques encapuchonnés à l'instar du Ku Klux Klan. Leur loisir fétiche: un lâcher de paysans mexicains en guise de chasse au pigeons, quand bien même la gente féminine d'un bordel est assouvie à sa tyrannie ! En illustrant les bravoures d'un héros stoïque à la répartie acérée, Sergio Corbucci taille la carrure d'un vengeur corrompu par sa justice expéditive mais rattrapé in extremis par l'amour d'une femme au grand coeur.

Brutal, atmosphérique, jouissif en diable car fertile en action violente et adroitement construit, Django n'a pas volé sa réputation de chef-d'oeuvre bisseux du western latin, même s'il doit beaucoup au charisme viril du regard azur de Franco Nero et à l'âpreté de son climat funèbre. On en oublierait presque d'évoquer son magnifique thème interprété par Franco Migliacci que Tarantino reprendra des décennies plus tard afin de l'honorer dans une déclinaison éloignée de l'univers fétide de Corbucci.
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BRUNO MATEI
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