Chair pour Frankenstein de Paul Morissey, 1973

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Chair pour Frankenstein de Paul Morissey, 1973

Messagepar BRUNO MATEI » 15 Octobre 2015, 06:34

Titre Originaux: "Flesh for Frankenstein" / "Il mostro è in tavola... barone Frankenstein"
Réalisateurs: Paul Morrissey et Antonio Margheriti
Produit par Andy Warhol
Année: 1973
Origine: Américano-Franco-Italien
Durée: 1h39
Distribution: Udo Kier, Monique Van Vooren, Joe Dallesandro, Carla Mancini, Nicoletta Elmi, Arno Juerging, Srdjan Zelenovic,Dalilla Di Lazarro, Marco Liofredi.

Sortie salles France: 9 Octobre 1974

FILMOGRAPHIE: Paul Morrissey est un réalisateur, scénariste, directeur de photographie, producteur, monteur et acteur américain, né le 23 Février 1938 à New-York (Etats-Unis).
1966: Chelsea Girls. 1967: I, a Man. 1968: San Diego Surf. 1968: The Loves of Ondine. 1968: Flesh. 1969: Lonesome Cowboys. 1970: Trash. 1971: I miss Sonia Henie. 1971: Women in Revolt. 1972: Heat. 1973: l'Amour. 1973: Chair pour Frankenstein. 1974: Du sang pour Dracula. 1978: Le Chien des Baskerville. 1981: Madame Wang's. 1982: Forty Deuce. 1985: The Armchair Hacker. 1985: Cocaïne. 1985: Le Neveu de Beethoven. 1988: Spike of Bensonhurst.

"Pour connaître la mort Otto, il faut baiser la vie dans la vésicule !"
Avec l'aide du producteur Andy Warhol (Flesh, Trash et Heat), Paul Morissey s'approprie en 1973 du mythe de Frankenstein à grand renfort de provocation putanesque. Avec l'aide de son adjoint Otto, le baron Frankenstein souhaite créer le couple parfait afin de régir une nouvelle race grâce à des morceaux de corps humains recomposés par ses soins. Pendant qu'ils descendent au village pour choisir leur dernière victime, sa soeur nymphomane établit la rencontre de Nicholas, un métayer adepte de luxure. Tourné à l'époque en relief, cette réactualisation dévergondée (c'est peu de le dire !) revendique sa décadence parmi une surenchère organique (on peut même parler d'hymne à la chair tant Morissey insuffle une sensualité charnelle dans la plupart des séquences gores !) et un sens du mauvais goût pour les fantasmes du baron aux tendances nécrophiles. Ce dernier n'hésitant pas à copuler avec les organes d'une fille éventrée juste après avoir entamé les préliminaires (dégrafer les fils d'une immense cicatrice avant de lutiner l'estomac du sujet !). Un moment d'anthologie halluciné à inscrire dans les annales de la déviance somatique, le climat pervers extériorisant ironie caustique (le regard licencieux du majordome fasciné par l'orgasme en direct de son contremaître !) et poésie lascive sous le score romantico-élégiaque de Claudio Gizzi (l'une des plus graciles mélodies du cinéma Fantastique !).

Tout dans Chair pour Frankenstein inspire fascination et répulsion parmi le portrait marginal d'une galerie de personnages refoulés (voirs impuissants) ou contrairement concupiscents. La mise en scène baroque érigée autour de somptueux décors gothiques (le laboratoire médical est sans doute le décorum le plus vaste et singulier que l'on ait vu dans la filmo des Frankenstein !) faisant voler en éclat l'archétype du mythe de manière vitriolée où sexe et organes s'extirpent des corps pour arborer leur beauté interne. Outre la subtilité d'un ton semi-parodique que Morissey exploite parmi la polissonnerie de personnages extravagants, Chair pour Frankenstein est transcendé par le jeu spontanée d'acteurs en roue libre auquel leur charisme patibulaire se confond harmonieusement avec l'ambiance délurée. Que ce soit la condescendance névrosée d'Udo Kier en Baron incestueux (il est l'époux de sa soeur !), la beauté exsangue de Dalila Di Lazzaro en créature soumise, le regard vénéneux de Monique Van Vooren en barone nymphomane, la posture doucement rebelle de Joe Dallesandro en esclave lubrique, la torpeur suspicieuse de Srdjan Zelenovi en créature asexuelle, ou encore la déficience d'Arno Juerging en assistant pervers. Enfin, à titre subsidiaire, on peut également souligner le jeu perfide des enfants de Frankenstein successivement endossés par Marco Liofredi et Nicoletta Elmi, témoins voyeuristes de cette décadence infernale avec l'ambition prétentieuse d'y prendre la relève !

La Chair et le Sang
Déviant, décadent, baroque, érotique, caustique, ultra sanglant, Chair pour Frankenstein est l'objet de scandale des obsessions impudiques, pied de nez libertaire au roman séculaire de Mary Shelley. Un chef-d'oeuvre de sexe et de mort, un hymne à la beauté organique que Paul Morissey illustre sans tabous parmi une dérision semi-parodique. Quant aux acteurs, cabotins ou sincères, ils offrent leur prestance avec une dimension emphatique extravertie, quand bien même la partition classique de Claudio Gizzi nous enivre l'ouïe de sa douceur mélancolique.
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BRUNO MATEI
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