Titre d'origine: Carrie
Réalisateur: Brian De Palma
Année: 1976
Origine: U.S.A
Durée: 1h38
Distribution: Sissy Spacek, Piper Laurie, Amy Irving, Nancy Allen, John Travolta, William Katt, Betty Buckley.
Sortie salles France: 22 Avril 1977. U.S: 3 Novembre 1976
Récompense: Grand Prix à Avoriaz et Mention Spéciale pour Sissy Spacek en 1977
FILMOGRAPHIE: Brian De Palma, de son vrai nom Brian Russel DePalma, est un cinéaste américain d'origine italienne, né le 11 septembre 1940 à Newark, New-Jersey, Etats-Unis.
1968: Murder à la mod. Greetings. The Wedding Party. 1970: Dionysus in'69. Hi, Mom ! 1972: Attention au lapin. 1973: Soeurs de sang. 1974: Phantom of the paradise. 1976: Obsession. Carrie. 1978: Furie. 1980: Home Movies. Pulsions. 1981: Blow Out. 1983: Scarface. 1984: Body Double. 1986: Mafia Salad. 1987: Les Incorruptibles. 1989: Outrages. 1990: Le Bûcher des vanités. 1992: l'Esprit de Cain. 1993: l'Impasse. 1996: Mission Impossible. 1998: Snake Eyes. 2000: Mission to Mars. 2002: Femme Fatale. 2006: Le Dahlia Noir. 2007: Redacted.
Auréolé du Grand Prix à Avoriaz un an après sa sortie triomphante (33 millions de dollars de recette pour un budget de 1 800 000 !), Carrie est sans nulle doute l'une des meilleures adaptations cinématographiques de Stephen King. Un chef-d'oeuvre du Fantastique moderne d'une rare émotivité pour un genre traditionnellement subordonné à terrifier ! Dominé par la prestance timorée de Sissy Spacek incarnant le rôle torturé d'une souffre douleur, Carrie est avant tout un drame psychologique bouleversant mâtiné d'épouvante satanique sous l'allégeance d'une mégère fondamentaliste. A travers la tragédie de cette lycéenne introvertie, soudainement confrontée à sa puberté et raillée par ses camarades de classe, Brian De Palma traite avant tout du fanatisme religieux sous l'intégrisme d'une mère castratrice. Avec une grande attention psychologique intentée à la dimension humaine de son héroïne, le réalisateur bâtit une intrigue baroque fondée sur la télékinésie auquel Carrie va être contrainte d'utiliser pour accomplir une vengeance démoniaque. Alternant romantisme éperdu pour la relation entretenue avec Carrie et son compagnon, et puritanisme sectaire pour l'enseignement drastique inculqué par sa mère, Brian De Palma allie compassion fébrile et angoisse sous-jacente. Toute cette charge de sentiments contradictoires partagés entre l'amour d'une catholique intolérante et sa fille indignée va finalement converger vers un suspense hitchcockien confiné au sein de l'assemblée lycéenne d'un bal de fin damné.
Si en l'occurrence ce drame horrifique garde intact son pouvoir d'émotion et de fascination prégnante, il le doit beaucoup à l'interprétation sensorielle de la révélation Sissy Spacek ! D'une sensibilité à fleur de peau dans le portrait allouée à une adolescente craintive, persécutée par son entourage, l'actrice extériorise une fragilité candide particulièrement élégiaque. A l'image de cette danse imposée par son compagnon au bal de promotion, moment d'étreinte vertigineux (utilisation du travelling circulaire récursif) quand celle-ci semble enfin épanouie d'une gratitude légitime. Mais lorsqu'une blague de potache achève à la perfection une diabolique conjuration, la stupeur déchue de Carrie, réduite à l'état de "reine ensanglantée", culmine sa rancune vers une vengeance surnaturelle ! Dans celle de la mégère opiniâtre obsédée par la candeur, Piper Laurie excelle à réciter machinalement ses versets religieux pour livrer une interprétation transie d'émoi !
Un crève-coeur inconsolable
Sublimé par le score envoûtant de Pino Donnagio et la présence gracile de l'inoubliable Sissy Spacek, Carrie est la quintessence du fantastique contemporain ayant su affilier émotion bouleversée et horreur cinglante sous le symbole du fanatisme religieux. Métaphore sur l'altération de la puberté et tableau cruel infligé au cap difficile de l'adolescence, cette tragédie mortuaire est notamment transcendée par une mise en scène virtuose à la précision chirurgicale (le point d'orgue anthologique du bal maudit utilisant sa science du suspense dans la technique binaire du split screen !).