par Maniak » 14 Août 2006, 11:58
Satire très noire dune société totalitaire gouvernée par la bureaucratie, Brazil est le 7ème film de lex Monty Python Terry Gilliam.
Il nous raconte lhistoire de Sam Lowry, un fonctionnaire discret et sans ambition. Pour échapper à sa vie terne et monotone, il rêve chaque nuit quil est un chevalier volant, venant libérer une jeune femme angélique. Un jour, en tentant de réparer les dégâts causés par une erreur informatique, il rencontre enfin celle qu'il a tant désiré.
Gilliam nous décrit un monde totalitaire, où lEtat bureaucratique contrôle tout, machine implacable à laquelle personne néchappe (à limage de Tuttle, qui finira ensevelis sous les paperasses quil abhorre). Un univers très Kafkaïen, au quotidien morne et triste, où le seul échappatoire possible est le rêve. Cest dans cet univers quévolue Sam Lowry, joué par un excellent Jonathan Pryce, qui arrive à nous rendre le personnage extrêmement sympathique. On sidentifie tous très vite à ce personnage naïf, victime dun système qui le dépasse, et qui naspire quà être avec celle quil aime.
Tout le film est une sorte de descente aux enfers, plus Lowry saffranchit de ce système pesant, plus la réalité le rattrape, et plus ses rêves se font violents et se confondent avec la vie réelle. A limage de ce qui arrive à son appartement, un problème de chaudière sans gravité, entraînera des conséquences de plus en plus catastrophiques, après avoir été réparé par Harry Tuttle, une sorte de réparateur indépendant recherché pour terrorisme
Pourtant, et malgré cette histoire dune rare noirceur, le film nest jamais réellement tragique, Gilliam multiplie les tons avec talent, et parsème son film de scènes parfois hilarantes, touchantes, glaçantes ou véritablement poignantes. Cette richesse de tons saccompagne dune grande variété des thèmes traités. Ainsi Brazil est également une féroce attaque contre la chirurgie esthétique, les panneaux publicitaires disgracieux, la technologie qui envahit nos vies, lalimentation qui se fait de moins en moins naturelle, la concurrence exacerbée entre les membres dune même entreprise
Tout ceci est parfaitement orchestré par lexcellent metteur en scène quest Gilliam. Malgré le tournage épuisant, il trouve le ton juste dans chaque plan. Les décors y sont aussi pour beaucoup, tout est très soigné. Les personnages évoluent dans des salles immenses remplies de machines et dénormes tuyaux qui sortent de tous les murs. Le look "sf rétro" est très réussi, notamment le design des ordinateurs et des véhicules. Linterprétation est, elle aussi, exceptionnelle, surtout Jonathan Pryce qui est parfait, et le grand Robert de Niro, hilarant dans le rôle de Tuttle.
Le scénario garde toute sa cohérence et sa richesse malgré les nombreuses réécritures et modifications apportées au cours du tournage.
Co-produit par Universal, Brazil effrayera la major par sa noirceur. Ils décideront alors de remplacer la fin initiale par un Happy end, mais cétait sans compter sur la ténacité de Gilliam qui se battra pour son film, nhésitant pas à organiser des projections clandestines pour les journalistes. Finalement le film sera acclamé par la presse américaine, mais ne sortira que dans un nombre réduit de salles
Brazil est un chef duvre fou, visionnaire et culte. Il reste plus que jamais dactualité et fera réfléchir à chaque vision. Un film qui na pas dégal, une uvre foisonnante et incroyablement riche qui se laissera revoir de nombreuses fois sans problèmes, le spectateur découvrant quelque chose de nouveau à chaque vision.
A voir absolument.