Oh My Gore ! - Forum

[asath]

Ca respire quand meme la hammer a plein nez ce bon petit film!
Y a petit manque de moyen mais cette histoire macabre est vraiment reussie.
Je v me matter la suite a l'occase, en tout cas celui-ci est une bonne surprise.

[Alex W]

Une merveille !

[BRUNO MATEI]

Un docteur met au point une diabolique vengeance pour punir les responsables de la mort de sa femme. Selon les 10 plaies d'Egypte inspirées de la Bible, il perpétue ces horribles crimes pour rejoindre au bout de sa devise les ténèbres avec sa dulcinée. La police impuissante compte les victimes tout en étant déconcertée par l'ingéniosité des meurtres.

Classique british des seventies mondialement célébré, l'Abominable Dr Phibes est un jubilatoire jeu de massacre inspiré des écrits religieux de la bible. Les deux points les plus probants de cette oeuvre atypique sont établis par l'interprétation mutique de l'extraordinaire Vincent Price et une narration sardonique remarquablement élaborée. Par l'ingéniosité des crimes concrétisés avec cynisme par un docteur élégiaque, cette farce macabre exploite judicieusement une horreur railleuse compromise avec une candeur romantique. En effet, fou d'amour et de haine d'avoir perdu sa femme sur une table d'opération, le Dr Phibes, ancienne vedette de music-hall, manigance une vengeance inédite auprès de huit chirurgiens en s'inspirant des châtiments des plaies d'Egypte. Avec la beauté baroque de décors excentriques inspirés du music-hall des années 30, le Dr Phibes a érigé un véritable temple en sa demeure classieuse parmi la présence d'une assistante gracile et de musiciens mécaniques. Passionné de musique, il compose avec son orgue un cérémonial funèbre pour rappeler aux ténèbres son amour immodéré pour sa chère défunte, brutalement disparue par la cause d'éminents chirurgiens.
C'est ce décalage audacieux de romantisme éperdue et d'horreur vindicative inscrite dans la dérision qui rend l'Abominable Dr Phibes judicieusement ludique et raffiné.

Dans le rôle du savant fou, Vincent Price livre l'une de ses performances les plus prégnantes et caustiques dans ces manigances morbides d'une inventivité incongrue. Les victimes prises au dépourvu sont sacrifiées de manière sadique avec la complicité fluctuante d'insectes (sauterelles, abeilles) ou mammifères (chauve-souris, rats). Alors que d'autres fois, le Dr Phibes leur administre lui même des sévices tout aussi insidieux comme le fait de vider de son sang une victime rendue anémique par transfusion sanguine, piéger la tête d'un homme avec un masque de grenouille ou encore en congeler un autre dans son véhicule avec de la grêle réfrigérée à - 50 degrés ! A cause d'un accident de voiture qui l'aura rendu défiguré et mutique, toutes les émotions qu'il véhicule passe donc par l'expression de son visage. Une physionomie noyée d'amertume romanesque mais toute aussi réconfortée d'une revanche imparable. Sa tenue vestimentaire extravagante faisant office d'icône fantomatique renvoie également aux classiques vétustes de personnages en déraison, bafoués par leur destin maudit (l'Homme au masque de cire, le fantôme de l'opéra).

Le point d'orgue crucial, préfigurant avec 40 ans d'avance la saga Saw, présage une mise à mort insensée faisant figure d'anthologie ! Un médecin va être soumis à une opération d'urgence pour sauver son fils parce qu'une clef y aura été transplantée à l'intérieur de son estomac, juste à côté du coeur. Cette pièce métallique se révèle la seule délivrance pour la victime anesthésiée de lui permettre de se libérer de ses câbles par l'entremise du chirurgien. Pendant qu'un compte à rebours de six minutes défile, de l'acide sulfurique est entrain de circuler dans des tubes de verres du haut du plafond. Par un système mécanique prodigieux, le liquide se déplace lentement pour culminer son point de chute sur le faciès du rejeton calé sur la table d'opération ! Suspense acerbe et sadisme risible garanti !

Formidablement corrosif dans son humour noir british, véritable précurseur du Tortur'porn, l'Abominable Dr Phibes est un immuable chef-d'oeuvre novateur aussi frais et vigoureux qu'à l'époque de sa sortie. Magnifiquement interprété par un Vincent Price aussi patibulaire qu'aigri dans sa romance déchue et efficacement structuré par une intrigue débridée, ce canular funeste se pare également d'un esthétisme insolite particulièrement distingué.