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Les 8 Salopards de Quentin Tarantino, 2015

MessagePosté: 29 Décembre 2015, 07:23
par BRUNO MATEI
Titre d'Origine: "The Hateful Eight"
Réalisateur: Quentin Tarantino
Origine: U.S.A.
Année: 2015
Durée: 2h47
Distribution: Samuel L. Jackson, Kurt Russell, Jennifer Jason Leigh, Walton Goggins, Tim Roth, Bruce Dern, Michael Madsen, Demián Bichir, Channing Tatum.

Sortie salles France: 6 janvier 2016. U.S: 31 Décembre 2015

FILMOGRAPHIE: Quentin (Jérome)Tarantino est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, né le 27 Mars 1963 à Knoxville dans le Tennessee.
1992: Réservoir Dogs. 1994: Pulp Fiction. 1995: Groom Service (segment: The Man from Hollywood). 1997: Jacky Brown. 2003: Kill Bill 1. 2004: Kill Bill 2. 2007: Boulevard de la Mort. 2009: Inglorious Basterds. 2012: Django Unchained. 2015: Les 8 Salopards.

Trois ans après avoir tâté du western avec l'excellent Django Unchained, Quentin Tarantino rempile à nouveau avec les 8 Salopards pour transcender un jeu de massacre inscrit dans la duperie et la déchéance criminelle. Epaulé du score cinégénique d'Ennio Morricone et d'une photo scope sublimant le cadre enneigé d'une contrée décharnée, l'intrigue emprunte le mode du huis-clos à travers la confrontation fortuite d'une poignée d'étrangers à l'identité interlope. John Ruth, chasseur de prime, doit rapatrier Daisy Domerge à Red Rock afin qu'elle soit pendue pour meurtre. Sur le chemin enneigé, il établit la rencontre suspicieuse d'un nègre également braconnier et du potentiel nouveau shérif de Red Rock. A cause d'une bourrasque, ils font ensemble escale dans une étape dirigée par la tenancière Minnie. En son inexplicable absence, c'est dans ce lieu reculé qu'ils y découvrent quatre autres individus. John Ruth soupçonne aussitôt l'un d'eux d'être un escroc afin de sauver de la potence Daisy Domerde.

D'une durée excessive de 2h47, Quentin Tarantino entretient la même ossature que la plupart de ses autres métrages, dans le sens où il accorde un intérêt primordial (à la longue) mise en place de ces personnages et à un cheminement narratif remarquablement planifié oscillant présent et passé des évènements. Bourré de trognes burinées et charismatiques déversant sans modération des réparties persifleuses, les 8 Salopards brosse leur portrait par le biais d'une ligne de conduite redoutablement mesquine. A savoir cultiver l'attente de leurs confrontations explosives pour mieux s'imprégner de leur quotidienneté avant de persévérer sur une dérision sardonique toujours plus vitriolée au fil de leur rébellion justicière. Les 90 premières minutes s'attardent donc à nous dessiner le profil insalubre de ces cowboys peu recommandables. Samuel L. Jackson, Kurt Russell, Walton Goggins, Tim Roth, Bruce Dern, Michael Madsen se partageant la vedette avec la même verve et spontanéité pour mettre en pratique une exubérance railleuse ou, au contraire, une tranquillité flegme par leur comportement fallacieux. Quand bien même on se prend d'une certaine sympathie pour Jennifer Jason Leigh dans sa condition de souffre-douleur pétrie d'arrogance. Son chasseur de prime castrateur n'hésitant pas à la molester à chacune de ses audacieuses remontrances. Jouant lestement sur les faux-semblants, chacun des seconds-rôles s'en donnent donc à coeur joie dans les provocations mensongères afin d'essayer de duper nos chasseurs de prime. Ces derniers ne cessant de daigner démasquer le ou les imposteurs avant que le blizzard météorologique n'accorde une trêve pour leur permettre de quitter l'hôtel. Outre le caractère bien trempé de tous ces personnages redoutablement mesquins, la grande force du film réside également dans l'art de conter consciencieusement une histoire jonchée d'imprévus où la violence des règlements de compte en ébranlera plus d'un lors de sa seconde partie. Autour de leurs agissements faussement affables et plaisantins, Quentin Tarantino s'efforce de nous accoutumer à leur cohabitation avant que l'accalmie ne laisse parler les flingues dans un déchaînement de violence en roue libre.

Les Charognards
Passionnant, hypnotique, jouissif et décalé pour la caricature allouée à une poignée de fabulateurs, Les 8 Salopards transfigure leur sanglant destin parmi l'ironie sardonique d'une verve insolente et la violence âpre d'un second acte embrayant sur des moments de tension vertigineuse après nous avoir éprouvé d'empathie (l'incroyable cruauté émise lors d'un flash-back crapuleux). Un western grandiose et réfrigérant, terriblement immersif pour le cadre de son huis-clos (faussement) accueillant, où l'indignité de la fourberie humaine emporte tout sur son passage.