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Elmer, le remue-méninge de Frank Henenlotter, 1987

MessagePosté: 24 Novembre 2015, 07:25
par BRUNO MATEI
Titre d'Origine: "Brain Damage"
Réalisateur: Frank Henenlotter
Année: 1987
Origine: U.S.A.
1h25. Avec Rick Herbst, Gordon McDonald, Jennifer Lowry, Lucille Saint-Peter, John Zascherle.

Sortie salles U.S: 15 Avril 1988

FILMOGRAPHIE: Frank Henenlotter est un réalisateur américain de films d'horreur né le 29 août 1950 à New-York. 1982: Frères de sang. 1988: Elmer, le remue-méninges. 1990: Frères de sang 2. 1990: Frankenhooker. 1992: Frères de Sang 3. 2008: Sex Addict.

Six ans après avoir surpris les fans d'horreur mal élevée avec Frères de Sang, Frank Henenlotter renoue avec le culte d'une série B underground toujours aussi effrontée et crapoteuse. Elmer retraçant avec beaucoup d'humour noir la déliquescence morale d'un junkie soumis à la liqueur qu'une créature lui injecte derrière la nuque. Seulement, le prix de sa récompense est de devoir sacrifier d'innocentes victimes pour l'appétit vorace de son nouveau compagnon. Ce dernier ne pouvant subsister qu'après avoir dévorer un cerveau humain. Métaphore évidente sur l'emprise de la drogue et les paradis artificiels, Elmer, le remue-méninge joue la carte du divertissement gore à renfort de séquences cradingues redoutablement efficaces, quand bien même l'humour ravageur surfe sur le mauvais goût de situations lubriques (la séquence de fellation alternant rire nerveux et dégoût viscéral !).

Grâce à l'inventivité des séquences gores et à la rigueur des effets-spéciaux artisanaux, Frank Henenlotter parvient à amuser et donner vie à une créature phallique aussi atypique qu'amicale. Du moins c'est ce qu'on en juge au premier abord car finalement cynique et sournoise lorsque l'on comprend rapidement les aboutissants de sa démarche perfide. Par la complicité harmonieuse d'Elmer et du jeune étudiant, le film nous entraîne vers une délirante odyssée meurtrière lorsque Brian se retrouve à la merci de ses hallucinations psychédéliques sans prendre conscience de la posture criminelle de son camarade ! En oscillant l'horreur des situations morbides et la féerie des manifestations oniriques (score envoûtant à l'appui !), Elmer cultive une fascination immersive chez le spectateur embarqué dans un trip tantôt stimulant, tantôt cauchemardesque. Frank Henenlotter ne lésinant pas sur la violence des agressions sanglantes avec une certaine verdeur. Si la conduite simpliste du scénario laisse à désirer, le film captive irrémédiablement sous l'impulsion excentrique du couple Brian/Elmer alors qu'un duo de vieillards erratiques (les anciens propriétaires d'Elmer) s'efforce de retrouver leur trace l'écume aux lèvres ! En dépit du jeu défaillant de quelques seconds-rôle amateurs, l'acteur Rick Herbst parvient totalement à nous convaincre pour retranscrire son état euphorique d'accoutumance au produit et ses affreuses crises de manque qu'il va endurer lors de la dernière partie. Un final aussi sanglant et débridé culminant vers une dernière image d'une singularité fantasmagorique.

Drôlement morbide, cartoonesque et ultra violent, Elmer le remue méninge distille une étonnante liberté de ton dans son cocktail assumé de mauvais goût et d'horreur salace. Plus de 30 ans après sa sortie, Frank Henenlotter prouve donc qu'il reste un maître du genre, un franc-tireur aussi insolent qu'imaginatif d'avoir retranscrit sans prétention une diatribe persifleuse contre les effets pervers de la drogue.