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Hostel: Chapitre 2 d'Eli Roth, 2007

MessagePosté: 20 Septembre 2013, 06:34
par BRUNO MATEI
Réalisateur: Eli Roth
Année: 2007
Origine: U.S.A
Durée: 1h35
Distribution: Lauren German, Bijou Philips, Heather Matarazzo, Jay Hernandez, Roger Bart, Vera Jordanova.

Sortie salles France: 11 Juillet 2007. U.S: 8 Juin 2007

FILMOGRAPHIE: Eli Roth est un réalisateur américain, né le 18 Avril 1972 à Boston.
2002: Cabin Fever. 2006: Hostel. 2007: Thanksgiving (faux trailer). 2007: Hostel 2. 2009: Nation's Pride - Stolz der Nation (trailer). 2013: The Green Inferno.

Après le phénomène du torture porn initié par Saw, Eli Roth nous avait également rendu sa copie avec un pur film d'exploitation moins roublard mais tout aussi hardcore, Hostel. Un an plus tard, il décide de remettre le couvert avec ce second chapitre toujours produit par son compère Quentin Tarantino. Hostel 2 reprend donc le même concept linéaire auquel de traditionnels touristes égarés en Slovaquie vont devenir les futurs cobayes de pervers nantis assoiffés de sang. Sauf qu'en l'occurrence, les victimes ne sont plus des dragueurs machistes mais trois jeunes fêtardes un peu trop influençables.

Avec sa photo richement saturée et l'aspect flamboyant de décors stylisés (la fête ésotérique au sein du village, la pièce des trophées où sont disposées les têtes décapitées, l'antichambre des tortures gérée à l'instar d'une forteresse), Eli Roth nous plonge dans un nouveau bain de sang où l'art du supplice est négociée aux enchères par le téléphone portable de riches notables.
Avec l'efficacité d'un suspense expectatif, Hostel 2 joue autant la carte de l'humour noir violemment sardonique que de la perversité innommable sous l'entremise de deux bourgeois en quête de plaisir morbide. Alors que l'un s'excite à l'idée de commettre ses horribles méfaits sur une jolie étudiante, l'autre semble beaucoup plus distant et timoré à oser braver l'interdit. C'est dans la caractérisation de ces antagonistes maladifs, deux pères de familles plutôt nantis, qu'Eli Roth prend soin de nous développer avec divergence morale. Roger Bart (découvert dans la série Desperate Housewives) insuffle une belle complexité psychologique dans son esprit introverti et refoulé, faute d'une mégère asexuelle, mais bientôt rattrapé par ses pulsions misogynes. En père de famille contrairement serein, spontané et plein d'aplomb, Richard Burgi (également issu de la même série TV !) lui partage la vedette avec un cynisme pervers totalement assumé. La densité névrotique qu'ils véhiculent avec souci de vérité est l'atout premier à considérer dans la réussite de ce 2è chapitre.
Quand aux trois jeunes étudiantes, consécutivement endossées par Lauren German, Bijou Phillips et Heather Matarazzo, elles réussissent à nous retransmettre leur douleur morale et leur affres de la mort avec une fragilité féminine plus empathique que les machistes lubriques du précédant opus. En manipulatrice aguicheuse, la sublime et longilline Vera Jordanova impose l'antinomie d'une prédatrice vénale sous son regard azur de louve mesquine.

Emaillé de séquences chocs douloureuses et radicales (le supplice du bain de sang inspiré par la comtesse Elisabeth Bathory), non exempt d'humour potache (le dîner anthropophage que Ruggero Deodato pratique en autodérision, la partie de foot des orphelins avec une tête décapitée, l'émasculation risible), Hostel 2 conforte un divertissement calibré par son savoir-faire et son rythme soutenu culminant une horreur hardcore aussi incisive que dérangeante. Son constat social sur la cupidité démontre aussi à quel point l'argent peut conditionner les bas instincts des fortunés les plus dépravés. Pour une fois qu'une suite est supérieure à son modèle alors que l'effet de surprise éventé est ici récupéré par la caractérisation de ces personnages.