Le Crocodile de la Mort

Ici on parle des......DVDs ! et oui !

Messagepar asath » 08 Novembre 2006, 12:25

un bon petit film d'horreur sans prétention.....a part le croco en bois! :P
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asath
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Messagepar BRUNO MATEI » 18 Août 2011, 12:05

LE CROCODILE DE LA MORT (Death Trap / Eaten Alive). Licorne d'Or au Rex de Paris, 1978.

Réalisateur: Tobe Hooper.
Année: 1977.
Origine: U.S.A.
Durée: 1h31.
Distribution: Neville Brand, Mel Ferrer, Carolyn Jones, Marilyn Burns, William Finley, Stuart Whitman, Robert Englund, Janus Blythe.

Sortie en salles en France le 24 Mai 1978. U.S.A: Mai 1977.

Récompenses: Grand Prix (Licorne d'Or) et Prix d'Interprétation masculine pour Neville Brand au festival du film fantastique du Rex à Paris en 1978

FILMOGRAPHIE: Tobe Hooper est un réalisateur américain né le 25 Janvier 1943 à Austin (Texas)
1969: Eggshells, 1974: Massacre à la Tronçonneuse, 1977: Le Crocodile de la Mort, 1979: The Dark (non crédité), 1981: Massacre dans le Train Fantome, 1982: Poltergeist, 1985: Lifeforce, 1986: l'Invasion vient de Mars, Massacre à la Tronçonneuse 2, 1990: Spontaneous Combustion, 1993: Night Terrors, 1995: The Manglers, 2000: Crocodile, 2004: Toolbox Murders, 2005: Mortuary, 2011: Roadmaster.

My name is Buck and I'm ready to fuck.
Trois ans après l'onde de choc Massacre à la Tronçonneuse, Tobe Hooper renoue avec l'horreur poisseuse et transcende à nouveau un portrait névrosé de psychopathe aliéné, remarquablement interprété par Neville Brand. Alloué d'un budget plus confortable et entièrement tourné en studio, ce film de commande conçu pour récupérer le succès de Massacre... et des Dents de la mer est inspiré des exactions d'un authentique sérial-killer, Joe Ball. Ce propriétaire d'un bar était un ancien soldat de la 1ère guerre mondiale batifolant parfois à sacrifier quelques innocentes victimes pour ses alligators.
Suite à un différent avec la production, Tobe Hooper quitte l'entreprise en plein milieu du tournage et laisse le soin au producteur Mardi Rustam de prendre la relève. Malgré son côté inachevé, le Crocodile de la mort garde son pouvoir de fascination dans son tableau caustique d'une Amérique profonde, dépressive et refoulée.

Le gérant d'un motel miteux possède un animal de compagnie peu commun, un crocodile particulièrement agressif et vorace sitôt qu'une proie s'approche un peu trop près de son petit enclos. A quelques kilomètres de cet endroit glauque et désert, une jeune prostituée humiliée par un client sans vergogne quitte le bar du Starlight pour s'en aller rejoindre le motel recommandé par la mégère de maison !

Après le phénomène Massacre à la Tronçonneuse auquel les bénéfices de recette lui auront été très peu rémunérées, Tobe Hooper se lance dans un projet assez paradoxale dans son script juxtaposant un psychopathe (aussi barré que la famille de bouchers de Leatherface) accompagné d'un crocodile vorace (de carton-pâte !). Avec l'entremise d'un scénario linéaire prétexte à une ébauche de meurtres plutôt sanglants (à contrario de Massacre...), le réalisateur va tout de même réussir à imposer sa patte particulière de faiseur d'ambiance putride dans le décor rural d'un motel situé en Louisiane. Le prologue très réussi surprend dans sa tonalité surréaliste (les couleurs sont saturées de teintes orangers et rouge criard ) alors qu'une jeune donzelle, accoutrée d'une perruque blonde niaise, s'aproche d'un pas hésitant vers un motel semblant tout droit sortie d'un conte de fée frelaté. Mais l'ambiance irréelle va fugacement emprunter un hommage évident à Psycho, Tobe Hooper s'évertuant à tuer violemment cette héroïne dès le premier quart-d'heure de métrage ! Au moment même ou le spectateur commençait à avoir une certaine empathie pour cette potiche chétive incapable d'assumer le rôle d'une novice prostituée. Ce premier meurtre perpétré avec une verdeur acérée est sans doute l'effet choc le plus percutant et brutal dans ses coups de fourche assénées à la victime dans une violence animale extériorisée par notre psychopathe névrosé. Un ancien vétéran du Vietnam sans doute traumatisé par les horreurs de la guerre, noyant sa solitude et son ennui dans le meurtre gratuit toléré de prime abord pour les femmes perverties ou putes putassières.

Viendra ensuite l'arrivée d'un couple versatile accompagné de leur fillette et d'un chien furtivement dévoré par le croco. Une séquence assez terrifiante dans son danger présagé et cette rapidité incisive d'exposer à nouveau une situation en péril quand la gamine va à son tour manquer de trébucher dans l'enclos en voulant rattraper son chien. Hurlements d'effroi incessants sont juxtaposés envers les parents paniqués, le gérant du motel paradoxalement déconcerté et la petite fille en pleurs totalement désorientée !
Un peu plus tard, c'est au tour du père et la soeur de la première victime assassinée de scruter les lieux de ce motel poussiéreux afin de bénéficier d'éventuels indices fructueux sur la disparition de la fille. Bien entendu, toute cette galerie de protagonistes torturés ou dépressifs va servir de proie facile pour notre meurtrier azimuté mais aussi de garde manger pour son crocodile carnassier. Malgré l'apparence risible de ce reptile à grandes mâchoires façonné en carton-pâte, Hooper réussit adroitement à rendre en intermittence sa présence hostile véritablement menaçante. Ses attaques impondérables optées pour les victimes impressionnent le spectateur sur le qui vive de sa présence monstrueuse sous-jacente. Un animal insidieux enfoui dans son marécage, d'une sauvagerie sans concession quand celui-ci se résout instinctivement à s'extraire des eaux blafardes pour dévorer sa nouvelle proie !

La fascination exercée envers le personnage de Judd est privilégiée par la composition hallucinée du briscard Neville Brand, criant de naturel dans sa trogne burinée, sa touffe de cheveux alongés et abîmés et son psyché maladivement torturé. Hooper va en outre amplifier cette répulsion/fascination allouée à ce profil schyzophrène avec l'entremise d'une incroyable bande son hybride, perçante et irritante, multipliant les bruitages aigus sans accalmie, tout en oscillant les tubes de country-western entendus indéfiniment dans un transistor obsolète.

Pour parachever cet étouffant huis-clos incongru, les cinq dernières minutes du métrage vont renouer avec l'ambiance de folie paroxystique préalablement transcendée dans le chef-d'oeuvre Massacre à la Tronçonneuse. Une fuite à bout de course inespérée, engagée de manière échevelée entre le tueur accoutré d'une gigantesque faux acérée poursuivant ces deux dernières survivantes éreintées, rejointes par une petite cosette terrorisée, sortie de sa tanière pour leur invoquer un ultime secours.

Baignant dans une ambiance malsaine et suffocante où chaque personnage marginal, obsédé, névrosé ou dépressif évoluent dans une Amérique rurale engendrant ces rebuts de la société, Le Crocodile de la Mort est un étrange conte anarchique. A mi chemin entre la fable cynique et sardonique et la métaphore sociale sur la paranoïa innée en l'être humain, culminant à la folie mentale quand celui-ci est contraint à s'introvertir.
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BRUNO MATEI
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